Il fait magnifiquement beau aujourd’hui, soleil et semblant de chaleur sont de la partie. Douce odeur d’infusion de feuilles mortes chauffées au soleil dans l’air quand je marche en forêt. L’équipe a commencé à butiner dans les serres et les champs. De mon côté, ça fait un mois que je scanne le sol des serres et du champ dans l’espoir d’y trouver du vert et du vivant. Qu’à travers la terre encore gelée, les feuilles décomposées ou l’engrais vert de l’automne passé, je vois ENFIN apparaître une petite tête verte, indicateur du printemps. Comme si j’avais besoin que la terre me rassure et me confirme par un signe, si petit soit-il; une pousse, une tige ou un bourgeon, que le cycle de la vie reprendra une nouvelle fois. Après des mois d’hiver, de froid et de repos du sol confortablement endormi sous sa chaude couverture de neige et de glace, chacune de mes cellules se sent joyeuse juste à l’idée que mes yeux rencontre de nouveau la vie sous forme d’ortie ou de pissenlit, d’oseille ou de mâche, d’épinard ou de bok choy.
Les feuillages verts m’ont profondément manqués cet hiver et lorsque je les retrouve à leur état naturel, après plusieurs mois d’absence, pointant le nez hors du sol, réveillés par les chaud rayons du soleil local, c’est comme si je revoyais un veille ami que je n’ai pas vu depuis longtemps, vous savez cette sensation qu’on a quand on va à l’aéroport le retrouver après un long voyage. Même sentiment d’excitation et de familiarité.
Le début de la vie qui reprend dans le sol où j’habite, m’indique aussi que pour les prochains mois je ne poserai plus la question « qu’est-ce qu’on mange? ». Je me nourrirai dorénavant et ce jusqu’en décembre, de ce qui est là, prêt à être récolté et consommé. Je ne préparerai plus de « recettes » mais agencerai plutôt des aliments fraîchement cueillis pour m’alimenter simplement. C’est plus du domaine de l’instinct. La terre devient mon guide alimentaire. Et en plus, je sens qu’elle me supporte. C’est fou, non?! Elle me donne ce dont j’ai besoin au moment où j’en ai besoin. Cette connexion à la nature, à dame Nature, ça m’a pris du temps à l’avoir. J’ai du me rapprocher d’elle pour mieux la voir et l’entendre. Je célèbre ma 7e année auprès d’elle et en ce début de saison des légumes locaux, cultivés sur petites surfaces dans des sols riches et vivants, je vous souhaite de connecter avec la nature et aussi avec tous ceux qui vous alimentent et que vous alimentez. J’avais fait ce souhait au dernier équinoxe de printemps: que nous mettions un peu plus d’attention sur les liens humains et les liens de vie qui nous unissent lorsqu’on nous mangeons, lorsque nous échangeons ou partageons un repas plutôt que sur le plat. La préparation des repas est si chargé de stress, de questionnement, de doute, d’insécurité, qu’on oublie qu’en fait, ce qu’il y a derrière le plat que nous avons préparé, c’est notre besoin de connecter avec ceux qui nous entoure, que nous aimons et avec qui nous souhaitons partager le repas. On veut se nourrir mais aussi nourrir nos liens. Il est temps de retrouver et cultiver nos liens réels (plutôt que virtuels) avec les autres et la nature; marche en forêt, auto-cueillette chez le producteur, visite chez le maraîcher, achats dans les marchés saisonniers, repas improvisé à l’extérieur, invitation spontanée, sans aucune autre envie que de connecter et de créer des liens avec les autres et voyons ce que cela aura comme effet.
Chose certaine, il a cet effet sur nous le printemps, il réveille le besoin de tisser ou de retrouver les liens qui hibernaient durant l’hiver, que nous avons créés depuis que nous habitons cette terre et dans le cas qui me concerne depuis que je travaille la terre et partage le fruit des cultures avec nos partenaires. On a tellement hâte de vous revoir tous!
Je profite de ce texte sur la vie, le vert et la connexion pour vous parlez de cet événement qui aura lieu à la ferme le 20 mai prochain. Ayant pour thème « les premières verdures printanières« , organisé par Julie Aubé dans le cadre de Prenez le champ, je vous partagerai à travers cet atelier riche et fertile:
- ma passion pour la famille des légumes feuilles
- mes créatives idées culinaires pour les mettre en valeur
- mes trucs et astuces pour éviter de gaspiller ces fragiles légumes et prendre l’habitude de les apprêter aussi pour avoir des réserves pour l’hiver (où le vert se fait rare et vient d’ailleurs)
- Notez qu’une visite de la ferme ainsi qu’un lunch feuillu sera au menu de cette belle journée!
Ce sera un merveilleux moment pour « connecter » et partager tous ensemble dans un milieu fertile et naturel.
Bon printemps!